Édition du mardi 3 février 2004
Gilles de Robien indique que le gouvernement demandera à l'Assemblée nationale de revenir sur un amendement sénatorial transférant aux maires le contingent préfectoral de HLM
La Fondation Abbé Pierre a demandé, lundi, l'organisation d'un grand débat national sur le logement social à la Sorbonne, lors d'une rencontre organisée à l'occasion de la publication de son rapport 2004, particulièrement alarmiste, sur la crise du logement.
Le ministre de l'Equipement et du logement Gilles de Robien, représentant le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui a assisté à une partie des débats, a répondu en se disant "très favorable" à l'organisation de réunions "dans chaque territoire" pour "comprendre, débattre et surtout imaginer l'avenir".
Il a également souscrit à une demande de la Fondation concernant l'attribution de logements sociaux, indiquant que le gouvernement demandera à l'Assemblée nationale de revenir sur un amendement sénatorial au projet de loi sur les responsabilités locales transférant aux maires le contingent préfectoral de HLM.
Il a affirmé en outre qu'il soumettrait au Premier ministre une circulaire pour mobiliser les préfets dans la lutte contre l'habitat indigne, notamment dans les centres-villes.
Reconnaissant la réalité de "la grande crise du logement que nous vivons aujourd'hui", il a affirmé que le gouvernement "n'esquiverait pas ses responsabilités".
Le ministre a rappelé que 380 000 permis de construire avaient été délivrés en 2003, soit une progression de 9% par rapport à 2002, et que l'objectif était de réaliser 80 000 logements sociaux en 2004.
Mais il a admis que les critiques émises par la Fondation, estimant que seuls quelque 40 000 logements concerneraient les ménages démunis, étaient en partie fondées, notamment parce qu'il fallait retirer des 80 000 logements construits 20 000 logements prévus à la démolition dans les quartiers sensibles.
"Mais je n'admets pas que l'on dise qu'il manque de moyens financiers pour atteindre cet objectif", a-t-il dit aussi.
Pour la Fondation, Patrick Doutreligne a rappelé, dans le grand amphithéâtre comble de la Sorbonne, les propositions et demandes de l'association, et notamment une production "nette" de 80 000 logements par an (hors démolitions et ventes de HLM).
Il demande, parmi une quinzaine de mesures, de conditionner toute incitation fiscale aux propriétaires à des contreparties vraiment sociales et d'instaurer un "conventionnement de solidarité", c'est-à-dire de proposer à tout propriétaire de quatre logements une défiscalisation sur le cinquième en contre-partie d'un loyer social.
Enfin, la Fondation réclame au gouvernement de renoncer à la baisse prévue en 2004 des aides personnelles au logement.
Le débat, pendant lequel l'acteur Laurent Terzieff a lu des textes émouvants de personnes à la rue, a permis d'illustrer, par des témoignages, des interventions de spécialistes, la crise du logement qui touche 3 millions de personnes et concerne aujourd'hui les ménages aux revenus moyens.
"La perte du logement, c'est aussi la perte de la citoyenneté", a affirmé Yasmine Kaci, assistante sociale, tandis que Jean-Michel Grellet, pédopsychiatre, a évoqué les conséquences néfastes pour l'enfant du mal-logement, en terme de santé (risque de saturnisme dû à l'insalubrité) mais aussi d'éducation car "comment peut-on faire ses devoirs dans les logements sur-occupés", a-t-il dit.
"Sur ce problème qui nous rassemble ce soir, c'est la guerre", a conclu l'Abbé Pierre qui a souhaité qu'on mette sur sa tombe des listes de personnes mal logées, à qui auront été remis les clés d'un logement.c=http:
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